La miraculée

« Jusqu’à cette nuit-là j’avais mené ma vie sans soucis notoires. Elle m’avait offert des batailles, j’avais mis un point d’honneur à les vaincre. Quelques écueils, je les avais enjambés alertement pour mieux rebondir !
Jusqu’à cette nuit du 4 octobre 2016, où, à trois heures du matin le diable s’en mêla !
Où était passé mon ange gardien qui veillait sur moi sans discontinuer ? S’était-il assoupi ou alors était-il tapi sous la dernière marche pour m’éviter le pire » ?
J’ai essayé avec mes mots et ma sensibilité
. de vous raconter « l’année parenthèse » que je viens de vivre, en toute sincérité, honnêteté et lucidité.
. d’expliquer pourquoi c’est arrivé. On est toujours responsable de ses actes et des conséquences qui en découlent.
. de ne pas tomber dans la caricature mais de poser mes mots au plus juste du vécu. Cela n’arrive pas qu’aux autres…


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I – LA CHUTE


Le 4 Octobre 2016 à 3h du matin

“Les jours sont peut-être égaux pour une horloge, mais pas pour un homme.” de Marcel Proust

Trois heures du matin, un peu plus un peu moins, allez savoir ! Quelle importance au fond ? Comme chaque jour, depuis quatorze ans dans cette maison rêvée des années durant, acquise et habitée depuis notre retraite, la mécanique est bien rôdée. Me lever sans bruit pour ne pas réveiller mon époux qui ronfle paisiblement, sortir pieds nus de notre chambre sans appuyer sur un quelconque interrupteur pour obtenir de la lumière, trottiner trois petits pas le long du petit mur en angle droit, pousser la porte sur ma droite et après un bref regard vers la fenêtre qui surmonte la cuvette-WC, me voilà installée pour satisfaire mes besoins naturels.

Les toilettes ne sont pas complètement plongées dans le noir. Une fenêtre que nous avons agrandie lors de nombreux travaux effectués avant notre installation définitive, s’approprie la lumière de quelques lampadaires publics. Sans oublier la pleine lune qui se montre bien audacieuse, flirtant avec les étoiles les nuits de ciel dégagé, nimbant d’une lumière tamisée le chêne, dont on aperçoit le feuillage échevelé à travers la vitre. Gustave mon chêne. Mon univers. J’apprécie ce silence nocturne, ces lueurs parfois étranges qui brillent furtivement dans la trainée d’un avion haut dans le ciel. Ce monde m’appartient et m’emplit de sensations douces et émerveillées. Les anges, mes héros, veillent sur moi. « Veillaient » sur moi devrais-je dire ! Ont-ils eu un moment d’inattention pour permettre ce qui a suivi ?

Quatorze ans que je répétais machinalement, toutes les nuits, ce même processus. Une mécanique bien huilée. Quatorze ans que les anges « veillaient » sur moi. Pourquoi PAS cette nuit ? Pourquoi n’ai-je pas longé le mur en angle pour tourner tout de suite à droite ? Pourquoi ai-je pris tout de suite sur ma gauche ? Pourquoi ai-je remarqué que la fenêtre n’est pas placée au même endroit un dixième de seconde trop tard, un pied déjà avancé sur la plus haute marche de l’escalier ?…